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Alsace : les raisons de l’échec de la collectivité unique

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Par référendum, les Alsaciens ont rejeté le projet de collectivité unique d’Alsace, qui consistait à fusionner les deux départements et la région. Quelles sont les raisons de cet échec ?

Le 7 avril dernier, l’Alsace a dit non au projet de collectivité locale unique. Pourtant,  « les Alsaciens n’étaient pas contre ce projet, pour preuve, le oui a remporté 57 % des suffrages exprimés », indique Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap. Mais plusieurs conditions n’ont pas été remplies : pour être adopté, ce projet devait obtenir un résultat positif dans les deux départements (le Haut-Rhin a voté contre) et une proportion de oui supérieure à 25 % des inscrits (23 %).

Forte mobilisation des tenants du non

Pour Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop, plusieurs raisons expliquent cet échec. D’abord, « il n’y a pas eu de campagne nationale relayée par les médias nationaux, mais uniquement par les médias locaux, ce qui a restreint la portée de la communication ».  Même constat en ce qui concerne les hommes politiques nationaux, qui n’ont que peu marqué d’intérêt pour le projet, à l’exception de ceux qui y étaient opposés.

Ensuite, « on observe un déficit de conviction du camp du oui, finalement mou et consensuel, face à une forte mobilisation des tenants du non ». Cette opposition entre les différents camps transparaît également dans les argumentaires, « avec une vision administrative et technocratique pour les défenseurs du projet, tandis que ses opposants ont joué sur la corde sensible de l’attachement identitaire », note-t-il.

Enfin, l’abstention et le contexte national ont joué.  « A l’exception des présidentielles et des municipales, élections après élections, la participation des citoyens est de plus en plus faible : le rapport au politique est assez dégradé », rappelle Jérôme Fourquet

Rivalités géopolitiques

L’analyse des résultats fait également ressortir la persistance de querelles de clochers : les votants du Bas-Rhin ont approuvé le projet tandis que les haut-rhinois l’ont rejeté, le percevant comme « une menace identitaire, les amenant potentiellement à passer sous la coupe de Strasbourg » note le cadre de l’Ifop.

Le paradoxe français.

Ainsi, la victoire du non est certainement représentative d’un paradoxe très français. Le millefeuille administratif est largement critiqué, mais les résultats du référendum démontrent un attachement au département. Attachement qui s’était déjà manifesté en 2003 en Corse, où les électeurs s’étaient prononcés contre un projet de fusion comparable.

Quel avenir pour les fusions ?

La loi de réforme des collectivités territoriales de décembre 2010 a ouvert la possibilité de fusion en collectivité territoriale unique. L’Alsace a utilisé la première cette possibilité. Au moins deux autres régions sont intéressées par la démarche, la Bretagne et la Normandie. Mais cet échec marque un coup d’arrêt sérieux pour ce genre d’initiative. « Pour rendre ces projets convaincants et pousser les électeurs à aller aux urnes, il faudra avoir des arguments puissants », conclut Jérôme Fourquet.


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